STRATEGIES DES DETERMINATIONS STRUCTURALES
SUR POUDRE
2.2.2- Indexation "automatique"
Si vous réussissez une indexation à la règle à
calcul, comme on vous l'a peut-être enseigné, c'est que votre
problème est trivial. Les choses sérieuses se passent sur
ordinateur, mais pas toute seules : le terme "automatique" n'est pas à
prendre à la lettre, car en définitive c'est vous qui aurez
à choisir le plus souvent entre de multiples propositions sur des
critères de qualité du résultat (figures de mérite)
mais aussi en faisant appel à votre bon sens. Vous ne pouvez en
aucun cas faire confiance aveuglément en ce que propose un programme
d'indexation. D'ailleurs la preuve ultime qu'une indexation est correcte
ne s'obtient que lorsque la structure est déterminée et affinée,
et même cela n'exclut pas que l'on ait pu négliger une maille
plus petite de plus haute symétrie.
Inutile de démarrer avant d'être sûr de la fiabilité
totale de vos données. Vous ne devez jamais vous arrêter à
l'utilisation d'un seul programme : les plus recommandés et utilisés
avec succès pour des déterminations de structure sur poudre
actuellement sont TREOR, ITO et DICVOL
(il y en a d'autres), ils ont chacun leurs qualités et leurs défauts.
Commencez par ingurgiter leur mode d'emploi, faites-vous les dents sur
les exemples test généralement distribués avec les
programmes, ainsi que sur des exemples -à vous- de phases déjà
connues. Si ces programmes ne vous sortent pas la solution et que vous
comprenez pourquoi, vous aurez acquis ce que l'on appelle "de l'expérience".
Pourquoi tous ces conseils ? cette étape est l'une des plus difficiles
à franchir !
La stratégie appliquée pour les échantillons du
scénario a été généralement la suivante
(sauf indication contraire) :
-
Choix de l'option b) du paragraphe 2.2.1 : on espère calibrer le
spectre par les harmoniques.
-
Enregistrement des spectres de 5 à 130° 2-theta; pas de 0.02°
2-theta; temps de l'ordre de 20 à 40 secondes par point, soit un
long week-end (du vendredi soir au lundi matin eventuellement); porte échantillon
à remplissage vertical : ce pourra être le spectre final,
pas nécessaire d'en faire d'autre.
-
On dépouille le spectre : estimation du fond continu; soustraction
du fond puis correction de Kalpha2; éventuel lissage (pas vraiment
recommandé, cependant les positions estimées des réflexions
sont de bonne qualité, avec ou sans lissage pour peu que le pas
soit inférieur ou égal à 0.02° 2-theta); application
d'un algorithme de "chasse" des pics (en l'occurence par la méthode
des dérivées avec EVA, EVA 1 ou EVA 2 de la Socabim, une
autre possibilité consistant à "fitter" les profils, le résultat
n'étant souvent pas vraiment meilleur lorsque plusieurs réflexions
se chevauchent).
-
Le résultat est une liste de valeurs angulaires auxquelles correspondent
des valeurs de d(Å) et d'intensités estimées.
-
Compte tenu du choix de la technique de calibration pour ce scénario,
on essaie de détecter des harmoniques dans cette liste. Par exemple,
pour une réflexion observée à 6.13Å, on devrait
en trouver à 6.13/2=3.065; 6.13/3=2.043; 6.13/4=1.5325. Vous avez
saisi le principe. On tâtonne, on cherche jusqu'a 3 séries
d'harmoniques.
-
On utilise un programme d'affinement de paramètres de maille (comme
ERACEL) appliqué à la maille fictive sélectionnée:
on affine les a,b,c abitraires et un décalage de zéro (appareil
+ échantillon) : la "calibration" est alors terminée. En
réalité ce n'est pas exact car l'erreur n'est pas linéaire
en fonction de l'angle de diffraction (voir Fig.
10), pourtant cette approximation sera largement suffisante pour notre
objectif, sachant que la correction finale sera prise en charge à
l'affinement global du spectre par la méthode de Rietveld. Attention,
la différence maximale entre les positions angulaires observées
et calculées doit être de l'ordre de 0.01°(2-theta). Si
vous ne faites pas aussi bien, éliminez la série d'harmoniques
qui pose problème, remplacez-la par une autre, ou encore essayez
l'autre possibilité de calibration (mélangez votre composé
à un produit de référence), ou encore, laissez tomber,
ce n'est pas un travail pour vous (sans blague).
-
Pour l'indexation, on choisi les données : pas celles qui sont douteuses
; en principe les vingt premières réflexions (en partant
des petits angles) suffisent. Dans le cadre du scénario, nous allons
tester jusqu'à trois programmes: TREOR, ITO et DICVOL. On y va doucement,
en faisant plusieurs essais en limitant le volume de maille maximum à
200Å3 puis on double, etc... en partant des symétries
les plus élevées vers les plus basses. DICVOL ne tolère
aucune raie non indexée, personnellement je ne suis pas toujours
certain de la pureté du produit et j'ai donc tendance à réserver
DICVOL pour un test ultime et pour vérification des propositions
de TREOR et ITO.
-
Bon et qu'est-ce qu'on fait maintenant ? On utilise un programme de génération
de distances interréticulaires, pour un réseau P, dans le
système cristallin de la proposition de maille retenue. Pourquoi
? Dans l'objectif de se convaincre que l'on tient la bonne solution et
pour déterminer le ou les groupes d'espace possibles ! Attention,
si vous essayez de déterminer une structure sur poudre sans être
dans la bonne maille ou le bon groupe d'espace, vous pouvez allègrement
gaspiller une ou deux semaines de votre existence, sinon plus. Grace à
la liste des distances interréticulaires générées
par un programme tel que LAZY-PULVERIX, ERADIS ou même un des programmes
appliquant la méthode de Rietveld capable de fonctionner en mode
de simple calcul de spectre (FULLPROF), on indexe les données expérimentales.
On essaie de noter au passage les extinctions systématiques s'il
y a lieu. Enfin, on sélectionne les données angulaires présentant
une indexation unique pour réaliser un affinement définitif
des paramètres de maille. Le résultat doit être parfait.
Les experts pourrons éventuellement sauter cette étape rébarbative
en passant directement à une tentative d'extraction des facteurs
de structure par la méthode de Pawley ou la méthode
Le Bail. Le groupe d'espace peut aussi être estimé
à ce moment en réalisant une extraction avec un groupe d'espace
restituant la symétrie sans extinction (P2/m si l'on est en monoclinique,
P4/mmm en quadratique, etc) et en examinant ensuite minutieusement les
intensités extraites pour trouver les extinctions systématiques
tout en ayant sous les yeux la zone agrandie correspondante d'une figure
montrant le résultat d'affinement. Si la maille est fausse, l'étape
d'extraction des facteurs de structure peut le révèler par
un très mauvais accord entre spectre global observé et calculé.
Voyons ce que donne cette stratégie pour les cas expérimentaux
du scénario (attention, c'est à
vous de lire par ailleurs les modes d'emploi des programmes cités,
sauf contre-indication) :
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Le Bail